Histoires
Le Blason
« Ecartelé de sinople et d’azur à la croix de gueule bordée d’argent, cantonnée au un d’une gerbe de blé d’or liée de même au deux d’une fleur de lys d’argent au trois d’un léopard de même, au quatre d’une roue dentée à six branches d’or, brochant le tout. L’Ecu est timbré d’une couronne murale à trois tours d’or, ouverte, ajourée et maçonnée de sable. »
Ornement : des lauriers fruités d’or à dextre, des feuilles de chêne glandées d’or.
- La croix de gueule bordée d’argent représente l’église de Bornel inscrite sur l’inventaire supplémentaire des monuments historiques.
Les armoiries de la commune racontent l’histoire de la ville à travers les ans
Ce blason est visible sur la façade de la maison de vie Olivier Métra située en centre ville.
L’Église
L’église est consacrée à Saint Denis. Il semble que son édification se soit faite, comme celle d’ailleurs de nombreuses dans la région de la manière suivante : le prieur de Saint Leu détachait quelques-uns de ses moines qui venaient tracer l’implantation de la future église et aidaient les habitants à édifier une 1ère chapelle, parfois le chœur ; ensuite, nef, couverture, décoration se faisaient avec l’aide des plus adroits des paroissiens. La partie la plus ancienne de l’église est datée du 12ème siècle. A l’intérieur de l’église, sur un des piliers, des grappes de raisins témoignent de la culture des vignes dans notre village jusqu’au siècle dernier. Le vin produit n’était certainement pas d’une qualité exceptionnelle. Cet édifice est inscrit à l’Inventaire Supplémentaire des Monuments Historique depuis 1927, ainsi qu’une Vierge à l’Enfant, statue en pierre monolithe taillée et polychrome du 14ème siècle.
Un incendie endommagea le clocher au siècle dernier; celui-ci fut alors remplacé par un nouveau de style Napoléon III. Devenu dangereux, ce dernier fut à nouveau remplacé vers 1970.
Il a aussi existé un prieuré de la Madeleine. Cette chapelle fut démolie au 18ème siècle.
Historique
L’agglomération est composée du bourg proprement dit dans la vallée de l’Esches et de 5 hameaux : le Ménillet, Courcelles, Hamecourt, Montagny la Poterie et Grainval. Ce dernier hameau n’est plus habité depuis une cinquantaine d’années.
Le territoire de Bornel, d’une superficie de 1248 hectares est situé sur le Thelle et le Vexin et bordé de 9 communes dont 3 du canton de Méru (Amblainville, Fosseuse et Anserville), 3 du canton de Neuilly en Thelle (Puiseux le Hauberger, Fresnoy en Thelle et Belle Eglise) et 3 communes du Val d’Oise (Hédouville, Frouville et Arronville).
Ethymologiquement, la racine de Bornel vient du latin « borda » la cabane en planches venant probablement elle même du haut allemand « bort » la petite ferme. Des appellations successives, nous retiendrons BORDERONNELLO (775, charte de Charlemagne), BOORNEL ou BOORNELLUM (1069 et 1195, cartulaires de l’abbaye St Martin de Pontoise), BORNELLUM (1280, Douet d’Arcq, recherches sur le Comté de Beaumont), BORNELLE (1786, plan d’intendance).
La région de Bornel est habitée depuis plusieurs siècles. Les récents travaux de l’autoroute A16 ont encore mis à jour des foyers de peuplement (fond de Lannois) et des ateliers de taille du silex.
Plus tard, la tribu belge des Bellovaques a colonisé notre région jusqu’à la forêt de Carnelle, mais nous étions en limite de territoire de 3 tribus : les Parisis, les Sylvanectes et les Véliocasses.
Le 16 mars 1962, une entreprise travaillant avec une pelleteuse met à jour deux sarcophages. Au pied de l’un des squelettes avait été déposé un vase rituel qui permit de les situer à l’époque mérovingienne. Ils sont maintenant exposés dans l’église de Bornel.
La première mention de Bornel est la confirmation de la possession du fief de Bornel à l’abbaye royale de Saint Denis faite par Pépin, Maire du Palais en 751 : « in pago cambiencence loco qui diciter Bornello » (dans la pays de Chambly un lieu appelé Bornel).
En 1102, une guerre féodale oppose Mathieu, Comte de Beaumont, au roi de France qui envoie son fils, le futur Louis VI Le Gros. Ce dernier assiège Mathieu et ses troupes réfugiés dans le château de Chambly. Un violent orage éclate une nuit. Les tentes brûlent. Les assiégeants sont mis en déroute. Louis perd presque toute son armée dans la région de Chambly-Belle Eglise-Bornel.
La Guerre de 100 Ans survint ensuite. De cette époque subsistent des lieux dits: le Bois des Anglais, le Fond de Morpu ou encore la Vallée de Mort d’Hommes.
De 1331 à 1791, la population de Bornel reste sensiblement la même : 147 feux soit environ 500 habitants. Jusque la moitié du 19ème siècle, Bornel est essentiellement rural (céréales, vignes et élevage) mais il a existé jusque 6 moulins à eau. Au début du 17ème siècle, nous avons déjà un moulin à blé tenu par Jean Raflé et un moulin à huile tenu par François De Corbye.
Comme beaucoup de villages, Bornel ne fut pas épargné par la suette, maladie endémique dans les vallées humides. Une grosse épidémie fit rage en 1747. Alors que la moyenne des décès d’adultes est de 6 par année, on en dénombre 22 pour 1747 auxquels s’ajoutent les 17 décès d’enfants.
L’industrialisation de Bornel accroît rapidement la population qui passe de 582 habitants en 1831 à 944 en 1882. La ligne de chemin de fer Persan-Méruest inaugurée le 1er juillet 1875. Des usines s’implantent : l’usine Louyot, sur le site Halphen , en 1888 et l’usine Vermand en 1894. En 1904, Bornel compte 964 habitants, puis 1662 en 1935 pour atteindre 3300 aujourd’hui.
Le château du Ménillet est récent (milieu du 19ème siècle), mais il fut construit sur le domaine du Ménillet où il devait y avoir une demeure seigneuriale plus ancienne. Ce domaine du Ménillet a appartenu, entre autres, aux familles DE LA SENGLE, DE MONTMORENCY, DE BACHELIER, MALHERBE et LEQUESNE. Ce château serait construit sur les fondations d’une villa romaine.
Concernant le hameau d’Hamecourt, une légende veut que ce hameau ait été autrefois le siège d’une foire aux bœufs très importante. Le roi Louis XI (roi de 1461 à 1483) lui aurait octroyé cette foire de 3 jours. Une fête dont nous sommes plus certains est la fête de la Saint Jean, ancienne réjouissance rustique et champêtre. Elle brilla, dit-on, d’un vif éclat vers 1850-1875. C’était des chants, des danses en plein air avec copieuses libations de vins et de cidre du pays.
Toujours à Hamecourt, il existait une chapelle Saint Jean dépendant du prieuré d’Amblainville. Elle fut vendue à la Révolution et démolie. Ses pierres ont servi à la construction de différentes maisons. Une grange à dîmes subsiste encore de nos jours. Elle fut restaurée au 17ème siècle. Son origine est donc plus ancienne. Sur un côté est dessinée une chapelle. Symbolise-t-elle cette chapelle Saint Jean disparue ?
Le dernier loup de notre région fut tué pendant l’hiver 1869 par un berger près du bois de Fosseuse. Une des pattes antérieure resta accrochée sur la porte d’entrée de la ferme d’Hamecourt pendant de très nombreuses années.
Un dépouillement systématique des registres paroissiaux et d’état civil a été réalisé.
Les patronymes Bornellois les plus fréquents aux 17ème et 18ème siècle sont : AUBIN, BELHOMME, BENARD, BOITEL, BRICBECQUE, DUQUESNEL, LANGUEBIEN, LECONTE, NERON, MOULEUX, PREVOST et à un degré moindre BAZOIN, BELOISEAUX, BLANCHARD, BLOND, CAFFIN, CRESSON, DARRAS, DEAUBONNE, DELAFOSSE, DELARUE, DE TURMESNYES, GENTILLET, HADANCOURT, LAGABRIELLE, LEGRAND, LEFEVRE, LESBROUSSART, MAILLART, RAYE, ROCHARD et SENECHAL.
Jules Louis Olivier METRA, né à Reims le 2 juin 1830 et mort à Paris le 22 octobre 1889, compositeur français. Il se produisit dans divers théâtres parisiens comme violoniste, violoncelliste et contrebassiste. Il fut chef d’orchestre du théâtre Beaumarchais en 1885. Il écrivit des valses, des mazurkas, des polkas et des quadrilles. Chef d’orchestre des Folies Bergères de 1872 à 1877, il composa pour ce théâtre 18 opérettes et ballets – divertissements.
Intime avec M. Marquis, il venait souvent lui rendre visite à Chambly. Ces journées de campagne offraient à Olivier Métra un dérivatif à son surmenage intellectuel. Ces réceptions comprenaient des artistes en tous genres. A l’issue des déjeuners, M. Marquis emmenait ses invités dans la campagne environnante ou vers une chasse qu’il avait à Hamecourt. En 1863, après un bon déjeuner dans une maison de Courcelles, les chasseurs partirent battre la plaine. Olivier Métra préféra rester se reposer plutôt que d’aller chasser. Il écrivit une valse durant cet après midi et décida de l’appeler la « Valse des Roses » en souvenir des dernières roses de la saison 1863.
Toujours sur la place du centre ville se trouve la Fontaine « Sources d’Actions »:
Œuvre de François LAVRAT, cette fontaine en acier inoxydable figure un hommage à l’ingéniosité de l’homme qui canalise la puissance des éléments naturels pour faire tourner de concert des engrenages aussi titanesques que celui de Bornel.
Pour terminer rappelons qu’Amélie MAURESMO tapa ses premières balles de tennis à Bornel. Inscrite au Tennis Club de Bornel à l’âge de 6 ans, elle fut détectée à l’âge de 8 ans par Patrick Simon. Elle intègre alors le TC Méru où elle est entraînée par Jean Pierre Deseille. Elle s’inscrit ensuite dans une section sport étude à Blois, puis sera pensionnaire du centre national d’entraînement de Roland Garros. Championne Junior en 1996, elle remporte Roland Garros et Wimbledon. Numéro un mondial en 2004 et 2006, elle a gagné 25 tournois en simple dans sa carrière dont deux titres du Grand Chelem en 2006 (Open d’Australie et Wimbledon).
Un peu d’histoire sur Anserville
Anserville et ses environs sous la révolution: Notre commune comptait 91 feux ou foyers soit 349 habitants.
Jusqu’à cette époque, le territoire était divisé en bailliages et sénéchaussées, découpages qui permettaient la levée des impôts, le recrutement militaire et l’exercice de la justice. Dès 1789 on met en place les départements divisés en districts, eux-mêmes divisés en communes.
C’est sur ce même découpage que sont instituées les circonscriptions électorales des représentants aux États généraux que le Roi Louis XVI va convoquer.
En effet, la dégradation de la situation économique, les mauvaises récoltes dues à une météorologie catastrophique (inondations, gelée des terres de notre région), le poids de l’impôt difficilement supporté par les paysans engendrent une agitation politique incessante, le Roi décide alors la réunion des États Généraux en vue de collecter par la synthèse des Cahiers de Doléances les plaintes et vœux de « ses peuples ».
En vue de ceux du début mai 1789, on procède à l’élection des délégués qui siègeront à cette assemblée. Depuis le 27 décembre 1788 le nombre de délégués aux Tiers États (peuple) a été doublé et porté à 2, le Clergé 1 et la Noblesse 1 par commune.Soit à Anserville pour le : Tiers-États : François LESBROUSSART— Claude LEFEVRE Clergé : Notre village dépendait du bailliage de Chaumont en Vexin donc le curé de Chaumont Noblesse : Jean-Baptiste MICHEL, écuyer, seigneur d’Anserville, capitaine de cavalerie.
La question religieuse se pose aussi, et face à sa toute puissance l’Assemblée constituante de 1790 décrète que désormais les ecclésiastiques seront élus, recevront un traitement de l’État mais ils devront prêter publiquement un serment civique de fidélité à la Nation. Ceux qui refuseront seront considérés comme démissionnaires.En réalité, la moitié du clergé paroissial refusera de prêter serment. L’Église sera ainsi divisée en deux : – les prêtres jureurs ou clergé constitutionnel – les prêtres non jureurs ou clergé réfractaire.
Certains prêtres se sont pliés à la loi mais si l’on considère la durée de leur ministère en consultant les documents suivants, on peut supposer qu’ils ont dû payer de leur vie leur serment à la Nation.Par ailleurs, les frontières sont menacées, l’instabilité politique et sociale est permanente, l’Angleterre et l’Autriche envisagent d’intervenir.
La jeune République proclamée le 21 septembre 1792 s’arme et se sent prête à repousser ses voisins menaçants après l’éclatante victoire de la Bataille de Valmy et de celles de Jemmapes.
Pour cela on lève des armées, on demande à la population de contribuer à l’effort de guerre en fournissant chevaux, cochons, foins, avoine, blé, nourriture pour les soldats, charrettes etc.Les paysans des environs sont largement sollicités.
Autre aspect de cette période de guerre on demande à la population de fournir du salpêtre (celui-là même que nous n’aimons pas trop voir apparaître sur nos vieux murs !) mais aussi des cendres.
En effet, les décrets de 1793 ordonnent à chacun de gratter les parois des grottes, sols et murs des bâtiments et caves, étables et écuries pour y extraire le salpêtre et porter la récolte à Beauvais.
Ces mêmes décrets ordonnent à la population d’apporter au centre de collecte de Beauvais des bottes de fougères, orties, ronces, genêts et autres épineux pour y être réduites en cendres.Pourquoi faire ?
Le salpêtre (sel de pierre) riche en nitrate de potassium dont les Chinois avait découvert depuis l’Antiquité la remarquable propriété d’entretenir et d’activer la combustion entrait dans la fabrication des poudres à canon. Le chimiste Lavoisier (guillotiné par la suite) va développer les techniques de production de cette poudre. Les cendres riches en potasse entraient aussi dans cette fabrication. Une certaine forme de recyclage…
Historique du Château de Fosseuse
Nous ouvrirons une parenthèse quant aux précédents bulletins municipaux sur lesquels nous avions commencé à reprendre quelque peu le cours de l’histoire concernant le Château. Nous venons aujourd’hui nous excuser de vous avoir rapporté certains éléments qui se révèlent ne pas être en parfaite concordance avec ceux qui nous été transmis par l’INSTITUT de FRANCE à CHANTILLY.
En effet, la Branche de Montmorency-Fosseuse remonte à Jean II de Montmorency, grand-père du Connétable Anne de Montmorency.
Jean II par un premier mariage, épousa le 29 janvier 1422, Jeanne, dame de Fosseux en Artois dont il eut 2fils Jean III et Louis, seigneur de Fosseux.
Louis est l’auteur de la branche de Montmorency-Fosseuse
Louis épousa Marguerite de Wastines et eut un fils Roland. Louis mourût en 1490.
Roland de Montmorency, seigneur de Fosseux, qui mourût vers 1506 avait épousé Louise d’Orgemont, dame de Baillet sur ESCHES.
Leur fils, Claude de Montmorency, seigneur de Fosseux épousa en 1522, Anne d’Aumont, dame de Méru et de Thury, il mourût en octobre 1546.
Leur Fils, Pierre de Montmorency, Baron de Fosseux, Marquis de Thury, épousa en 1553 Jeanne d’Avougour et mourût en 1570.
Leur fils, Anne de Montmorency (qui n’est pas le Connétable), épousa en 1577 Marie de Beaune née en 1566 et il mourût en 1592.
Leur fils, Pierre de Montmorency, Baron de Fosseux, épousa Charlotte du Val et mourût en 1615. Leur fils, François de Montmorency, Marquis de Fosseux, épousa Isabelle de Harville et mourût en 1684.
Leur fils, Léon de Montmorency, épousa Marie de l’Etoile en 1697.
Leur fils, Anne-Léon de Montmorency, Baron de Fosseux, épousa Anne-Marie de Ville,
Leur fils, Anne-Léon, appelé Marquis de Fosseux, né en 1731 épousa le 21 Septembre 1767 Charlotte de Montmorency-Luxembourg et leurs descendants portèrent depuis lors le titre de duc de Montmorency
L’HISTOIRE DE LA LOCALITE DE FOSSEUSE EST LA SUIVANTE :
A l’origine, FOSSEUSE s’appelait Baillet sur Esches, qui dépendait au XIVe siècle de lapuissante Maison d’Orgemont de Chantilly. Ainsi que nous l’avons vu, en 1483, Louise d’Orgement, Dame de Baillet, épousa Roland de Montmorency, seigneur de Fosseux ou Fosseuse en Artois. Elle lui donna un fils Claude qui pris le nom de Montmorency-Fosseuse. Ce Claude épousa la fille unique du seigneur de Méru, Anne d’Aumont, dont il eut un fils Pierre qui, en récompense des services éminents qu’il avait rendus à l’Etat, obtint d’Henri III en 1578 l’érection de la terre de Baillet en baronnie de Fosseuse. Cette substitution de nom fut conservée.
Les descendants de Pierre de Montmorency conservèrent la seigneurie de Fosseuse jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. A cette époque, elle fut acquise par Louise de Prie, dame de Fayel, veuve du Maréchal de la Mothe-Houdancourt. De cette maison elle passa à un conseiller du Parlement de Paris, Philippe de Thomé qui en obtint l’érection en marquisat de Thomé. Il céda ensuite son marquisat à Boullenger, Président de la Cour des Comptes. Dans la première moitié du XIXe siècle, le château devint la propriété du Comte de Kergorlay.
Vous avez ici le résume historique du Château de Fosseuse et de la Famille de Montmorency-Fosseuse copie d’un document émanant de Monsieur l’Inspecteur Général des Musées de Province, Bd St-Germain à PARIS Vème.
La partie du département de l’Oise qui borde la plaine du Beauvaisis, partie vallonnée, boisée pittoresque, contrastant d’agréable façon avec l’étendue monotone, mais riche qui constitue la majeure partie de ce secteur du valois, était autrefois le fief de la très noble et très puissante maison féodale des Montmorency.
Cette famille, qui donna à la France une demie douzaine de connétables, autant de maréchaux, sans compter trois amiraux, fut fondée, il y a plus de dix siècles par un certain BOUCHARD qui se déclare tout de go Sire de Montmorency, déclarant tenir sa Noblesse de Dieu lui-même, ceci au grand déplaisir des rois carolingiens. Mais, un des ancêtres de BOUCHARD avait été baptisé par SAINT REMI, immédiatement après CLOVIS ; de plus BOUCHARD prétendait qu’un ancêtre encore plus éloigné était soldat dans la légion romaine qui, sous TIBERE, occupait la Palestine et fut désigné pour faire partie du fameux service d’ordre organisé, lors de la mort du Christ. C’est tout cela qui justifia la fameuse formule écrite sur tous les actes officiels – par la grâce de Dieu et non « de par le ROY » – Nuance !
Sur le haume en guise de cinière un chien couchant, symbole de vigilance et de fidélité et comme devise : DIEU AYDE AU PREMIER BARON CHRESTIEN.
BOUCHARD, Chef de nom et d’armes épouse au commencement du Xe siècle : ILDEGARDE, fille de Thibaud, comte de Chartres et de Blois. De cette union, naquit plusieurs enfants. Dès la troisième génération, l’arbre devint si touffu, qu’il fallut en séparer les branches, qui firent suivre de nom de Montmorency.
C’est ainsi qu’il y eut les Montmorency-Luxembourg, les Montmorency-Laval, Montmorency-Boutteville et bien d’autres noms encore.
Enfin, il y eut les Montmorency-Fausseux, dont le nom se substitua il y a près de quatre siècles à celui du village de BAILLET-sur-ESCHES.
Primitivement, ce fief appartenait à la maison d’ORGEMONT, éteinte quant aux mâles au XIVe siècle. Il passa par alliance aux MONTMORENCY-FAUSSEUX. Cette terre fut érigée pour eux en baronnie au XVIe siècle, puis en marquisat au siècle suivant. Dans l’église paroissiale qui possède un curieux cœur polygonal, sont enterrés plusieurs membres de cette famille.
Le premier baron de FAUSSEUX-Louis, second fils de Jean II, sire de Montmorency, était le chambellan de Charles VIII né en 1470 et mort en 1498. De son mariage avec Marguerite de WASTINES (VILASTINE), il eut quatre enfants, dont l’aîné Roland, marié à Louise d’ORGEMONT fut le grand-père de la célèbre Françoise dite « La Belle Fosseuse ».
Lorsque sa mère, noble dame Jacqueline d’AVANGOR, épouse de Pierre de MONTMORENCY, marquis de THURY, baron de FAUSSEUX la mit au monde en 1566, cinq frères et sœurs l’avaient déjà précédée. La demeure seigneuriale des d’ORGEMONT se trouvant trop petite, il fallut en construire une autre plus grande, plus spacieuse, au goût du jour. C’est ainsi que s’éleva le Château qui, au cours des siècles qui suivirent son achèvement, subit nombre de transformations (construction entre 1568 & 1580). Cependant l’ensemble a conservé une assez belle unité de style – ce style qui marque la seconde moitié du XVIe siècle où la noblesse et la Renaissance virent se substituer une sorte d’ordonnance nationaliste qui fait présager DESCARTES.
On ne sait de quelle façon la jeune Françoise passa sa première jeunesse. Toujours est-il qu’à 14 ans c’était une fort jolie personne, à la frimousse éveillée, aux traits fins éclairés par d’admirables yeux noirs, fort instruite, sachant jouer du luth et en possession d’une très belle voix.
On ignora également au cours de quelles circonstances jeune fille presque enfant, elle avait un peu plus de 14 ans elle fut remarquée par Marguerite de VALOIS – La Reine MARGOT. Toujours est-il qu’elle l’attacha à sa personne et l’emmena avec elle à NERAC, en qualité de fille d’honneur. Car c’est dans le bourg de Gascogne que séjournait le Béarnais, et que la Reine de Navarre avait sa « cour d’amour ».
Lorsque Margot arriva à NERAC accompagnée de la petite Françoise et d’une seconde fille d’honneur – Mademoiselle de REBOURS- elle chargea la première d’agent de liaison entre son mari et elle. Encore très candide, la jeune Françoise se contentait de transmettre les commissions dont elle était en chargée, sans en compromettre le sens caché. C’est ainsi que par cette bouche innocente, le Béarnais était tenu au courant de tout ce qui se disait sur lui, non seulement dans ses Etats, mais aussi et surtout à PARIS. La Reine ne lui faisait grâce de rien. Tous les ragots ramenés de PARIS lui étaient transmis. Chaque jour c’était une réflexion blessante d’HENRI III à son encontre ou des propos ironiques tenus sur lui par des hauts personnages, Marguerite ne pouvait pas se charger d’une telle besogne, non plus qu’un de ses admirateurs, encore moins une Dame de la cour – La petite FOSSEUX – La Fosseuse comme on l’appela quelques semaines après son arrivée à NERAC, c’était l’agent de liaison idéal. Et puis sa gentillesse, son ingénuité, apportaient un puissant élément de distraction au futur HENRI IV, lequel, alors jeune, bien fait de sa personne, gai, spirituel, n’avait de cesse que de conquérir toutes les dames de l’entourage de la Reine.
« Il y a bien de la besogne
« A regarder ce petit ROI
« Comme il a mis en désarroi
« Toutes les filles de sa femme » disait à juste titre un pamphlet populaire de l’époque.
Indifférente à toutes ces intrigues, la Fosseuse continuait à remplir avec exactitude, les missions secrètes qui lui étaient confiées. Mais dans cette cour corrompue, on ne pouvait accepter tant de candeur. Il est vrai que, par des rapports par trop scabreux, une femme de la Reine, une nommée XAINTE, avec laquelle le Roi « familiarisait » se chargeait de les transmettre. La seconde fille d’honneur, Mademoiselle de REBOURS, fut également mise à contribution.
Pendant ce temps, la Reine MARGOT écrivait, dansait, ne se « lassait pas de se laisser conter fleurette », par le Chevalier de PIBRAC et le beau CHAMPVALLON, auquel elle fut toujours très attachée.
Cependant les rapports s’envenimaient entre les deux HENRI. La cour ne l’ignorait pas et accusait la Fosseuse d’en être la cause. Elle avait atteint sa seizième année – c’était une très jolie fille de sa personne, sa beauté loin de lui servir, là desservait, on allait même jusqu’à dire en parlant de sa maîtresse – elle la procura elle-même au Roi, mais pour faire la guerre au roy.
Ce qui devait arriver, arriva.
On ne fréquente pas impunément un roi galant, gaillard, entreprenant et plein de prestige- Mademoiselle de REBOURS succomba la première, puis ce fût le tour de Françoise et elle ne put cacher sa faute encore qu’elle niait farouchement. Je ferai mentir ceux qui ont parlé de cela, disait-elle !
Un jour le Béarnais se plaignit de souffrir de l’estomac et annonça à sa femme que son médecin lui avait prescrit de faire une cure à AIGUES-CHAUDES (Les eaux chaudes de la vallée d’Ossan). Marguerite ayant refusée de l’y accompagner, son mari s’y rendit en compagnie de la « FOSSEUSE » (c’est ainsi que l’on continuait de la nommer) et de plusieurs autres jeunes personnes pour « s’ébattre un peu ». En réalité, il croyait que ces eaux délivreraient sa maîtresse, ce fut en vain.
De retour à NERAC, enceinte de près de six mois, FOSSEUSE eut une entrevue avec la Reine, et bien qu’elle continua à nier l’évidence, Marguerite lui proposa de la conduire dans une maison « écartée » pour dérober aux yeux la faute, cette maison était située au MAS d’AGENAIS, mais FOSSEUSE ne voulut rien entendre.
La situation tournait au Vaudeville, HENRI de NAVARRE mis au courant fit une scène terrible à son épouse. Ils se jetèrent force injures et leur brouille dura jusqu’à l’accouchement.
Lorsque le Béarnais apprit que la délivrance était imminente, il se rendit incontinent chez sa femme qui était au lit et lui tint cette singulière harangue qu’un analyste anonyme nous a transmis :
« Ma mie je vous ai cité une chose qu’il faut que je vous avoue, je vous prie de m’excuser et de ne vous souvenir que ce que je vous ai dit pour ce sujet. Mais obligez-moi à cette heure de vous lever et d’aller secourir FOSSEUSE qui est fort malade. Je m’assure que vous ne voudrez pas, la sachant en cet état, vous savez combien je l’aime ! »
Ce à quoi la Reine répondit tranquillement :
« J’y vais et je ferai comme si c’était ma fille. Quant à vous, allez à la chasse et amenez tout le monde, afin qu’il n’en soit point oui parler.
Et dans ses mémoires, elle conclut :
« Je la fis très bien secourir. »
Sans paraître le moins du monde confuse du rôle de sage-femme joué par une fille de FRANCE, auprès d’une des maîtresses de son mari.
Mais en remplissant son rôle tragique et platement comique, elle ne gagna rien. FOSSEUSE avait accouché d’un enfant mort-né. A peine remise, elle reprit sa place de maîtresse en titre auprès du Roi de NAVARRE et continua avec une sorte d’acharnement à l’exciter contre sa femme. Il semble que Françoise de FOSSEUSE avait été beaucoup dans leur séparation. Il semble aussi que dans cette suite d’événements, « chacun se soit abaissé à l’envie » (Léon MARLET).
La Reine MARGOT avait fort envie de revoir le beau CHAMPVELLON, lequel en qualité d’Officier d’Ordonnance au Duc d’ANJOU, résidait au LOUVRE. Aussi manifesta-t-elle le désir de se rendre à PARIS sous le prétexte d’y « accommoder ses affaires ». Oubliant toute rancune, elle emmena avec elle FOSSEUSE, déclarant avec une belle franchise « J’estime qu’il (ce départ) servira de diversion pour l’amour de FOSSEUSE, que le ROI, ne la voyant plus, s’embarquera avec quelqu’un d’autre qui ne serait pas si ennemie. J’ai eu assez de peine à le faire consentir à ce voyage pour qu’il s’éloigne de FOSSEUSE ».
Elle partit donc – pour son malheur – en 1582, accompagnée de sa petite cour, et le lendemain se présenta au LOUVRE, suivie de ses filles d’honneur.
Or, Catherine de MEDICIS était soucieuse au plus haut point de la dignité de sa maison, ceci bien entendu quand l’intérêt et la politique n’étaient pas en cause. Avertie depuis longtemps de la situation plus qu’irrégulière dans laquelle se trouvait la fille d’honneur de Marguerite, elle lui fit un accueil glacial et la congédia brutalement. Cependant, constatent nombre d’auteurs des « petites histoires » de l’époque, la moralité de la MEDICIS était loin d’être édifiante. Tous les moyens lui étaient bons pour arriver à ses fins, à commencer par ce fameux « escadron volant », nom donné à ses filles d’honneur (!) qui étaient les auxiliaires de sa politique ; tant intérieure, qu’extérieure, véritables « call-girls » avec la différence que c’était la reine qui les envoyait accorder leurs faveurs, notamment certaines assurances aux chefs politiques et religieux qui se partageaient la FRANCE.
Telles furent Mademoiselle de ROUE qui lui fit un ami d’Antoine de BOURBON, le père d’HENRI IV, Isabelle de LIMEUIL qui se chargea de dissiper les rancunes de Louis de CONDE, chef des protestants, Charlotte de BAUNE, petite fille du surintendant SAMBLANCAY, à qui d’autres attribuent les préparatifs de la paix d’ETIGNY LES SENS.
Françoise de MONTMORENCY-FOSSEUSE fut éconduite par Catherine de MEDICIS.
Fut-elle enrôlée par la suite dans ce fameux escadron volant ? Les échotiers de l’époque ne sont pas d’accord à ce sujet, certains pensent que non, d’autre, Aguppa d’AUBIGNE en tête sont d’un avis contraire.
Econduite donc par Catherine de MEDICIS, Françoise de MONTMORENCY-FOSSEUSE, contrefait le futur HENRI IV. Il s’ensuivit une correspondance aigre entre sa femme et sa belle-mère dans laquelle de robustes vérités premières furent échangées.
HENRI & MARGUERITE devinrent ennemis, et chacun reprit bientôt sa liberté.
Pendant des années qui suivirent, la belle FOSSEUSE sembla avoir disparu, on perd sa trace. Les recherches les plus minutieuses pour la retrouver demeurent vaines.
Puis brusquement on apprend son mariage avec un gentilhomme, dont la maison est loin d’égaler la sienne en gloire et en richesse, mais au demeurant, fort honorable. Il s’agit de Messire François de BROC, baron de SAINT MARS LA PILE. Le mariage a lieu discrètement et le jeune couple vient habiter le château de FOSSEUX.
Françoise est encore et demeurera fort belle. Grande, mince, brune, avec ses immenses yeux noirs dans lequel le ROY HENRI « Aimait à se regarder ». Son mari qui n’ignorait rien de son passé l’avait épousé « en tout bien tout honneur ». Il n’eut pas à s’en repentir. Françoise se montra la meilleure des épouses et la meilleure des mères.
De l’existence un peu en marge, qu’elle avait menée pendant douze ans, il ne lui restait qu’une sorte de lassitude, et un immense besoin de mener une vie tranquille et exacte, loin de cette cour qu’elle avait en aversion.
Son directeur de conscience fit le reste. Françoise de BROC, put en quelque sorte servir de sujet à cette fameuse « introduction de la vie dévote » de François de SALLES, publiée à la même époque.
Le ciel bénit son union. Successivement, Françoise eut trois fils. L’aîné Jacques, entra au service du Roi LOUIS XIII, le second PIERRE, entra dans les ordres et finit ses jours comme évêque d’AUXERRE. Quant au dernier, NICOLAS, il fut à la fois l’un et l’autre, on retrouva son nom suivi de son titre dans les archives de l’ORDRE SOUVERAIN DE SAINT JEAN DE JERUSALEM, (Chevalier de MALTE), où il exerça des fonctions importantes dans une commanderie.
De même que celle des couples heureux, celle du couple BROC-FOSSEUX est sans histoire.
La légende, mais ce n’est qu’une légende, raconte que la dame Françoise rendait souvent visite au moulin proche du château. La meunière avait une nombreuse famille à laquelle la châtelaine portait une grande affection qu’on lui rendait bien. Quelquefois, elle apportait avec elle son Luth, car elle était bonne musicienne et possédait toujours une fort belle voix.
Elle leur chantait en s’accompagnant elle-même, des cantiques et autres pieuses mélodies. C’est probablement de là qu’est né le nom de CHANTE-PIE (pieux) par lequel fut désigné jusqu’au siècle dernier, ce moulin, ravissante demeure du début du XVIIe siècle, d’un pittoresque sans insolence – gai harmonieux jusque dans ses moindres détails, bien fait pour inspirer quelque metteur en scène ayant de l’art, ce qui est plus rare qu’on pourrait le penser – et désigné de nos jours d’un autre nom peut-être moins archaïque mais qui sonne gaiement :
« LE MOULIN DES HEURES CLAIRES ».
OUVRAGES CONSULTES
Marquis de FERRIERE : « AMOUREUSES DE XVIe SIECLE »
Léo MARLET : « HISTOIRE »
A. d’AUBIGNE : « MEMOIRES »
Marguerite de VALOIS : « CORRESPONDANCE »
ERLANGER : « VIE QUOTIDIENNE sous HENRI IV »
D’OZER : « ARMORIAL de FRANCE » Lab. des manuscrits Bibliothèque Nationale
R.P ANSELME : « PALAIS DE L’HONNEUR & LES GRANDS DIGNITAIRES DE LA COURONNE »
HISTOIRE DE VALOIS & les grandes encyclopédies et guides touristiques.
Suite…..de l’histoire du Château
En 1928 Le comte de KERGORLAY met le Château en vente.
Le Château passe successivement entre les mains d’un marchand de bois, puis d’un antiquaire, tous deux achèvent de dépouiller aussi bien le Château que le parc.
En 1938, dix ans après, les 25 hectares du parc, achetés par M. Henri ALLENBACH par mariage. Ladite acquisition, à cette époque avait été vendue comme « CHASSE », uniquement, le château étant considéré comme une ruine.
Monsieur ALLENBACH met « hors d’eau » la toiture et aménage une dizaine de pièces tant au rez-de-chaussée qu’au premier étage, afin d’y habiter.
En 1966, il vend 9 hectares du parc, l’actuel « Parc du Château », et cède la propriété à son neveu Jean-Louis MARRO présentement propriétaire.
Fosseuse le 20 janvier 1990